L’outil d’évaluation CRREM (Carbon Risk Real Estate Monitor) s’impose aujourd’hui comme un outil de référence pour les acteurs de l’immobilier souhaitant définir des trajectoires de réduction des émissions carbone pour leurs actifs à travers l’Europe d’ici 2050. Lauréat du programme européen de recherche et développement Horizons 2020, ce projet initialement universitaire est devenu en 2024 une association d’intérêt public, garantissant l’indépendance et la rigueur de sa méthodologie.

L’outil repose sur de nombreux facteurs d’évaluation afin d’établir ces trajectoires. Le CRREM évalue avant tout la performance énergétique des bâtiments, tout en permettant de valoriser la part d’énergies locales et décarbonnées telles que le photovoltaïque ou la géothermie.

Dans cet article, nous vous proposons un éclairage sur les bonnes pratiques pour intégrer différents modes de consommation et de production d’énergie : autoconsommation, revente, ou encore approvisionnements renouvelables locaux, notamment dans le cadre de dispositifs d’autoconsommation collective.

Fonctionnement général


Pour comprendre comment intégrer et valoriser les différents modes de consommation d’énergie sur un site, il est utile de rappeler brièvement le fonctionnement général du CRREM.

L’outil s’appuie sur un ensemble de paramètres qui alimentent la modélisation des trajectoires carbone, répartis en deux grandes catégories :

  • Les données renseignées par l'utilisateur : informations générales nécessaires à la modélisation (surface, localisation, consommations et productions d'énergie) ainsi que des éléments plus précis permettant d'affiner l'analyse, comme les coûts de l'énergie ou les facteurs d'émission.
  • Les hypothèses internes : dépendant des contraintes locales de l'actif, aussi bien sur un aspect technique que politique ou économique. Ces hypothèses expliquent majoritairement les différences de trajectoires entre des actifs similaires situés dans différents pays.
L'outil connait régulièrement des mises à jour, afin d'améliorer sa méthodologie et d'y intégrer les dernières évolutions du marché de l'immobilier et de l'énergie, tout en s'alignant sur le référentiel associé du SBTi.

Concernant la consommation énergétique du bâtiment, elle peut être saisie de plusieurs manières :

  • Soutirage classique au réseau : c'est le cas le plus courant. Les émissions associées dépendent alors de la source de production de cette électricité (charbon, gaz).
  • Recours à des énergies renouvelables produites sur site ou localement : ce mode de consommation, de plus en plus fréquent, permet avant tout de valoriser l'autoconsommation individuelle, mais aussi d'y intégrer des approvisionnements d'énergie renouvelable locaux, tels que l'autoconsommation collective ou l'achat de gré à gré (sans intermédiaire entre un producteur et un consommateur ; peu développé en France).

Pour mieux appréhender les avantages et inconvénients de ces différents modes de consommation, il est important de préciser la notion de facteurs d’émission.

Facteurs d'émission : une notion clé


Le CRREM actualise régulièrement les facteurs d’émission, c’est-à-dire la quantité de gaz à effet de serre émise pour chaque type d’énergie consommée. Ces facteurs sont déterminants dans l’analyse du réseau électrique par pays / région, l’électricité pouvant être produite de différentes manières localement.

À titre d’exemple, la France, connue pour son énergie décarbonée (1% d’énergie fossile dans le mix en 2024, selon les données officielles), un facteur d’émission 17 fois inférieur à celui de l’Allemagne (37,4% d’énergie fossile dans le mix en 2024, selon les données gouvernementales).

Le CRREM établit des projections d’évolution des facteurs d’émission de l’électricité en s’appuyant sur les objectifs fixés à court, moyen et long terme par les politiques locales.

Il est toutefois désormais possible d’utiliser des facteurs d’émission personnalisés pour un site donné. Cette fonctionnalité permet notamment de prendre en compte certains contrats d’électricité « verts », incluant des Garanties d’Origine.

Néanmoins, l’organisme précise dans son référentiel qu’il s’agit de la dernière alternative, après que toutes les autres options de réduction de la consommation énergétique ont été exploitées (y compris l’achat d’électricité de gré à gré, ou PPA).

Intégrer la consommation d'énergie renouvelable


Comme énoncé précédemment, il est possible d’intégrer la production et la consommation d’énergie renouvelable de différentes manières au sein de l’outil CRREM. Chacun de ces modes de consommations va impacter les émissions carbones de l’actif, selon la consommation soutirée au réseau électrique local (¹) :

  • L’énergie produite et consommée à demeure (²) , c’est-à-dire l’autoconsommation individuelle, est considérée comme n’émettant aucune émission durant la phase d’exploitation.
  • L’énergie produite à demeure et revendue (³) , est considérée comme un moyen de participation au « verdissement » du réseau électrique. En ce sens, le CRREM valorise cette initiative en déduisant les émissions évitées sur le réseau aux émissions liées à la consommation d’électricité de l’actif.
  • L’énergie produite localement et consommée sur site (⁴) , c’est-à-dire l’autoconsommation collective et l’achat de gré à gré, peuvent être considérés comme un moyen de réduire les émissions du site. De base, ce mode de consommation est valorisé à hauteur des émissions électriques du réseau local, mais il est possible de choisir spécifiquement les émissions associées au contrat choisi. *

Sans modification des émissions associées à la production ou la consommation d’électricité, l’ensemble de ces modes de consommation ont un impact similaire sur les émissions du site (⁵) : à savoir, à consommation / production égale, réduction des émissions égale. Étant donné la liberté laissée à l’utilisateur concernant l’autoconsommation collective et l’achat de gré à gré, l’impact peut être légèrement différent (⁶).

Néanmoins, l’organisme CRREM précise qu’il est nécessaire d’étudier l’ensemble des solutions permettant d’améliorer la performance énergétique du bâtiment analysé, avant de valoriser la consommation ou la production d’une énergie décarbonée. Ces possibilités de compensation sont disponibles essentiellement pour assurer l’atteinte d’une année de désalignement ultérieure à 2050, une fois le bâtiment performant.

A noter qu’aucune de ces actions a un impact sur l’intensité énergétique du site.

* Dans une moindre mesure, il est possible de valoriser les Garanties d’Origine associé à un contrat de fourniture d’électricité classique ; il s’agit du dernier scénario souhaité par l’organisme, car laissant un champ de modulation très flexible pour ceux utilisant l’outil.

Nos bonnes pratiques

L’analyse CRREM est un must-have dans la construction d’une stratégie Net Zero Carbon. Il est important de valoriser l’ensemble des actions permettant d’éviter, de réduire et dans une moindre mesure de compenser les émissions carbone associées à l’exploitation d’un bâtiment. Pour se faire, des scénarios mêlant consommation et production d’énergies renouvelables et actions de performances énergétiques doivent être établis à chaque analyse.

ETYO conseille d’étudier avant tout les possibilités d’autoconsommation individuelle, mais également collective, sur un site donné, afin de donner l’opportunité à tous les bâtiments du site de pouvoir réduire ses émissions carbones.

Selon la stratégie souhaitée par le client, et avec son accord, il est également possible de faire recours à des facteurs d’émission personnalisés afin de valoriser d’autres types de contrats. ETYO conseillera en priorité les options de réduction de la consommation énergétique et d’autoconsommation disponibles sur site.

La conduite d’une étude CRREM doit également se faire au regard non seulement de la réduction des émissions carbones et de la consommation électrique d’un site, mais aussi des réalités économiques et techniques du site. L’ensemble des opportunités et des risques associés à ces aspects doivent être pris en compte dans la mise en place d’une stratégie de décarbonation pertinente (photovoltaïque, électrification…)

Pour aller plus loin

MINUTE UTILE – Autoconsommation individuelle ou collective : quel choix pour un site multilocataire ?

https://www.etyo.com/ressources/minute-utile-autoconsommation-individuelle-ou-collective-quel-choix-pour-un-site-multilocataire/

Si vous avez des questions, contactez directement nos experts !

Arielle Andrian

Arielle ANDRIAN
Sustainable Real Estate Manager
+ 07 44 44 43 20
arielle.andrian@etyo.com

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