Face à l’augmentation des volumes, à la pression sur les coûts et à la complexité grandissante des flux logistiques, l’automatisation du flux palette s’impose comme une réponse stratégique pour de nombreuses entreprises. Derrière ce concept se cachent toutefois une diversité de technologies, chacune adaptée à des besoins bien précis. Quels critères prendre en compte pour faire les bons choix et optimiser efficacement ses flux palettes ?

Maîtriser le flux palette : un enjeu global pour la performance logistique


Historiquement, la logistique palette reposait sur des racks manuels desservis par des chariots élévateurs circulant dans des allées standards. Très vite, la recherche de densification et de performance a favorisé l’apparition de solutions comme les racks gravitaires, le push-back, les allées étroites ou encore les racks mobiles – ces derniers étant particulièrement prisés dans les environnements à température dirigée, comme le surgelé, pour limiter les pertes énergétiques. Ces systèmes ont constitué une première étape vers une meilleure optimisation de l’espace et une réduction des temps de manutention.

Mais dans un contexte où rapidité, fiabilité et compétitivité logistique sont devenues des impératifs, l’enjeu ne se limite plus à un stockage performant. Il s’agit désormais de piloter l’ensemble du flux palette, de l’entrée en stock jusqu’à l’expédition.

C’est dans cette dynamique que se sont développées, depuis plusieurs décennies, des technologies automatisées venues transformer en profondeur entrepôts et sites industriels.

Stockage automatisé : densifier, fiabiliser, adapter


Le transstockeur

Le transstockeur a marqué un véritable tournant dans l’évolution du stockage automatisé. Capable d’opérer jusqu’à 40 mètres de hauteur, ce système offre une densification maximale et une fiabilité élevée dans la gestion des emplacements. Il s’avère particulièrement adapté aux flux continus et homogènes, notamment en sortie d’usine ou dans des centres de distribution automatisés, comme les centrales d’achat confrontées à des volumes importants.

Cependant, cette technologie requiert des bâtiments spécifiquement conçus, souvent en structure autoportante. Elle suppose donc un engagement à long terme, avec une faible réversibilité et peu de possibilités de revente ou de reconversion des sites. Elle peut également se heurter à des contraintes d’urbanisme, en particulier en zone logistique périurbaine, et offre peu de flexibilité face à l’évolution des activités ou à une logique multi-clients.

AGV

AGV de stockage

Pour des entrepôts nécessitant davantage de polyvalence, les AGV de stockage, parfois tri-directionnels, constituent une alternative plus souple. Intégrés à des racks classiques et opérants dans des configurations standards, ils permettent de préserver une certaine flexibilité tout en automatisant les opérations de prise et de dépose de palettes.

Néanmoins, leur vitesse de déplacement et leur capacité de levée restent en deçà de celles d’un transstockeur, ce qui limite leur efficacité dans les environnements à très haute cadence.

Pallet Shuttle

Le Pallet Shuttle, permet de combiner densité et rapidité. En utilisant une navette motorisée qui circule dans des canaux multiprofondeur, il optimise l’espace tout en assurant une bonne réactivité. Cette solution est très efficace pour des produits à forte rotation, à condition de bien gérer le parc de navettes et de veiller à l’équilibre des flux, sous peine de saturation locale. Plusieurs variantes existent, du déplacement manuel des navettes avec un cariste au système 3D permettant de déplacer automatiquement les palettes dans plusieurs dimensions.

Buffers palettes

Enfin, les systèmes de stockage tampon automatisé, ou buffers palettes, jouent un rôle clé dans l’absorption des écarts de cadence entre les différentes étapes du flux. Placés en amont ou en aval de la préparation, ils permettent de lisser les pics, d’optimiser les équipements critiques (robots, postes de picking, quais) et d’éviter les temps morts. Leur efficacité dépend fortement du pilotage : une mauvaise orchestration des priorités peut générer des engorgements, voire bloquer la chaîne logistique.

Transitique : connecter intelligemment les zones de l'entrepôt


L’automatisation du flux palette ne s’arrête pas au stockage : il faut aussi transférer efficacement les palettes entre les différentes zones, souvent sur des distances importantes ou selon des séquences complexes.

Les convoyeurs palettes sont les plus classiques : robustes, rapides et bien maîtrisés, ils permettent d’automatiser les flux à fort volume de manière fluide et continue. Ils sont idéaux dans des configurations figées, mais leur manque de flexibilité peut devenir contraignant dans des environnements dynamiques ou soumis à des évolutions fréquentes.

Pour plus de souplesse, les AGV (véhicules à guidage automatisé) et AMR (robots mobiles autonomes) ont largement investi le champ de la transitique. Les AGV suivent des trajectoires fixes, tandis que les AMR adaptent leur chemin en fonction de l’environnement. Ces technologies offrent une grande modularité et permettent de reconfigurer un entrepôt sans travaux lourds. Elles nécessitent cependant une attention particulière à la gestion des flux croisés, à la sécurité en présence d’humains, et à l’interfaçage avec les autres équipements (quais, racks, machines). Une densité trop élevée de robots peut même devenir contre-productive si l’orchestration n’est pas optimale.

Les navettes à induction, enfin, offrent une solution très efficace pour des transferts répétitifs, notamment entre bâtiments. Grâce à un guidage magnétique, elles assurent une grande fiabilité, y compris en extérieur, et s’intègrent parfaitement à des architectures industrielles où les flux doivent rester constants et sécurisés.

Préparation de palettes : automatisation complète ou approche hybride ?


Dans les cas simples, où les palettes sont homogènes, le transfert vers les quais peut s’effectuer directement via convoyeurs ou AGV. Mais dès que la composition est hétérogène, la question de la préparation des palettes devient centrale.

Les robots de dépalettisation permettent de déconstruire automatiquement des palettes pour alimenter un stock tampon ou une ligne de préparation. Très utilisé dans l’univers de la grande distribution, ils sont particulièrement utiles en amont des systèmes de préparation colis, automatisés ou non. Leur efficacité dépend fortement de la qualité des palettes sources et de la diversité des formats à traiter.

Les robots de préparation couche permettent, quant à eux, de reconstituer des palettes client à partir de colis individuels, par exemple à partir d’un buffer colis alimenté par des robots de dépalettisation. Ces systèmes sont capables de respecter des règles de palettisation complexes (solidité, poids, homogénéité visuelle). Un séquencement parfait des colis est cependant nécessaire pour garantir la performance de ces robots.

Enfin, dans des environnements à forte variabilité, une approche hybride reste souvent la plus pragmatique. L’alimentation automatisée d’une zone de picking manuel permet de fiabiliser l’acheminement des supports tout en laissant l’opérateur final gérer la complexité de la commande. Cette configuration assure un bon équilibre entre productivité et flexibilité, à condition d’être bien dimensionnée et pilotée.

Le coup d'œil d'Etyo

La gestion automatisée des palettes – stockage, transfert ou préparation – est aujourd’hui un levier clé de performance logistique. Les technologies sont nombreuses, chacune répondant à des besoins précis : densification avec les transstockeurs, flexibilité avec les AGV/AMR, massification avec les shuttles, ou synchronisation des flux via des buffers automatisés.

Mais ces solutions ne sont pas interchangeables. Leur efficacité dépend de nombreux paramètres : type de flux, contraintes du site, évolutivité de l’activité, niveau de service attendu ou investissement initial. Une solution très performante en environnement monosite peut s’avérer inadaptée à un entrepôt multi-clients.

L’enjeu ne réside donc pas dans le choix d’une technologie, mais dans une approche globale de l’intralogistique, qui articule flux, bâtiment et système d’information. En tant que cabinet expert, nous accompagnons les entreprises pour construire des solutions cohérentes et durables.

Découvrez notre livre blanc sur l’État de l’Art Intralogistique, pour explorer les technologies existantes et émergentes.

Si vous avez des questions, contactez directement nos experts !

Marc Le bras

Marc LE BRAS
Senior Project Manager

Contactez-nous